9 juin 2018

Lorsque Éléazar, le commandant du navire qui les avait transportés depuis Marseille, vint leur annoncer, après plusieurs semaines de navigation, qu’ils seraient bientôt en vue de la côte et qu’ils pouvaient espérer débarquer le lendemain même, si les formalités portuaires ne traînaient pas trop en longueur, le comte Childebrand, l’abbé Erwin et leurs assistants, qui prenaient leur collation du soir sur le pont, furent partagés entre soulagement et appréhension : soulagement, car ils en auraient terminé avec les difficultés qui avaient mis à rude épreuve l’équipage et les passagers ; appréhension, car leur mission allait maintenant commencer vraiment en un pays et au milieu de populations dont ils savaient, en somme, peu de chose, et dans des conditions que les événements survenus récemment à Constantinople avaient sans doute détériorées.