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24 juin 2018

Les autres êtres humains, je les rencontrai dans le sens opposé en cessant d’aller au lycée que je détestais pour me rendre au lieu de mon apprentissage, ma planche de salut, contre toute raison, en cessant d’aller vers le centre de la ville par la Reichenhaller Strasse avec le fils d’un haut fonctionnaire pour me diriger vers la périphérie par la Rudolf-Biebl-Strasse avec le compagnon serrurier de la maison voisine, en ne prenant pas le chemin qui traverse les jardins à l’abandon, passe devant les villas artistement construites et mène à la Haute École de la bourgeoisie, grande ou petite, mais en passant devant l’institution pour aveugles et sourds-muets, en franchissant les remblais du chemin de fer, en prenant par les jardins ouvriers, en longeant la palissade du terrain de sport près de l’asile d’aliénés de Lehen pour me rendre à la Haute École des marginaux et des pauvres, la Haute École de fous, la cité de Scherzhauserfeld, quartier de terreur absolu de la ville, la source de presque tous les procès des cours pénales de Salzbourg, dans la cave convertie en magasin de comestibles de Karl Podlaha, un homme détruit avec un caractère sensible de Viennois, qui avait voulu devenir musicien et était toujours resté petit boutiquier. La procédure de mon admission dans son commerce fut on ne peut plus brève.